Mireille et Pierre Mann dans leur vignoble

Mireille Mann
MAS DES CAPRICES

Mas des Caprices 11370 LEUCATE Cave particulière

2 exploitants, 1 salarié temps plein, des saisonniers

16 hectares AOP Fitou, Muscat de Rivesaltes, Corbières, Rivesaltes, Rivesaltes Grenat

Certification Bio et Biodyvin depuis 2009

Site internet: www.mas-des-caprices.com

 

Mireille, comment la biodynamie a-t-elle été mise en place sur le domaine ?

En premier lieu, nous avons restructuré le vignoble en réa­lisant des échanges et rachats de parcelles, de manière à pouvoir constituer des îlots plus facilement gérables en bio et bio-dynamie. Comme nous étions novices, nous avons sollicité l’aide d’un consultant en biodynamie pendant 3 ans afin de s’assurer de la réussite de notre projet.

Le passage à la biodynamie s’est fait progressivement, en com­mençant par un îlot test. La moitié de l’îlot était géré en bio et l’autre en biodynamie. Nous réalisions des observations sur le sol, la végétation, des tests bèche pour voir s’il y avait des différences. Satisfaits des résultats obtenus, nous avons ensuite étendu cette pratique à l’ensemble du parcellaire.

Nous tenons aussi compte de la lune. Les plantations sont réalisées à lune descendante et en cave les dégusta­tions et assemblages en jour fruit.

Quels changements ont pu être observés au niveau du sol, du végétal, des vins ?

Nous avons pu observer un changement de la couleur du sol devenue plus foncée, de sa texture et l’apparition d’une faune de vers de terre variée.

60% de notre parcellaire était constitué de vieilles vignes plan­tées au carré (1,75m x 1,75m) qui avaient été désherbées en plein pendant des années. Il a bien fallu 6-7 ans pour vraiment voir les sols revivre.

Au niveau du végétal, le port est plus érigé, nous avons moins besoin d’écimer, la vigne est plus équilibrée.

D’années en années, les vins gagnent en pureté, en finesse avec plus d’acidité sur les jus en cave.

Et sur le plan phytosanitaire ?

Sur le vignoble, il n’y a pas beaucoup de problème de mildiou sauf année exceptionnelle comme en 2018 et 2020. Par contre, notre attente de départ visait plutôt à limiter les doses de soufre. Alors même si le soufre reste indispensable dans la lutte contre l’oïdium, nous travaillons avec des décoctions de prêle et des tisanes d’ortie en complément.

Comment t’organises-tu pour les préparations biodynamiques ?

Nous achetons le compost de bouse Maria Thun appliqué en automne ainsi que la bouse et silice de corne appliquées au prin­temps et à l’automne. L’eau de pluie suffit pour effectuer toutes nos préparations. Nous apportons des amendements organiques car nous ne sommes pas équipés pour l’épandage de fumier.

Quel conseil donnerais-tu aux viticulteurs qui souhaitent se lancer dans la biodynamie :

Si on veut se lancer, il ne faut pas hésiter à investir dans du maté­riel dès le départ. De notre côté, nous avons acheté un dynamiseur en cuivre, 3 pompes à dos en cuivre et une caisse de stockage.

Je pense aussi qu’il est important de fonctionner en réseau. Pour ma part, après m’être formée, j’ai adhéré à des groupes de vigne­rons en bio/biodynamie afin d’échanger sur le plan technique et commercial. Chaque année, je participe à l’AG, à la dégusta­tion professionnelle et à la conférence technique organisée par Biodyvin.